Watson Lake, Yukon

Autoroute

À première vue, Watson Lake est de ces villes qu’on se demande pourquoi elles existent encore.  Pas dans le sens péjoratif.  Plutôt dans le sens pragmatique.

Les Kaska (communauté autochtone locale) sont ici depuis très longtemps. Mais l’histoire des blancs d’Amérique est récente.  L’histoire veut que Frank Watson soit venu à la fin du XIVe siècle pour faire de la prospection et soit resté.

Je n’ai pas trouvé de photo de ce cher Frank, mais je l’imagine facilement avec une grosse moustache, des bretelles qui tiennent des pantalons en coton et qui pose fièrement avec une pioche sur son épaule.

La ville a vraiment émergé avec la Deuxième Guerre mondiale.   Les Américains, par crainte que les Japonais les envahissent par l’Alaska, ont construit la Alaska Highway.  Une route qui relie les 48 états américains à l’Alaska.  Véritable projet mythique, 2700 kilomètres créés en 9 mois. Créée aussi vite, la route n’était pas drette, drette, mais elle reliait deux points importants.

Watson Lake a aussi hérité d’un aéroport durant la Grande Guerre.  Ce pavé faisait parti d’un grand réseau d’aéroports où les bombardiers arrêtaient faire le plein en route pour l’Alaska. Watson Lake est devenu un centre stratégique. Difficile de s’imaginer qu’il y avait beaucoup de circulation aérienne dans ce coin tranquille du monde.

D’ailleurs, l’année dernière, lors d’une sortie en bateau sur le lac Watson, nous sommes passés par-dessus une carcasse de bombardier Lancaster qui gît dans le fond du lac. La queue arrière de l’avion devait mesurer 30 pieds de long, impressionnant.  Vestige du passé, elle gisait dans l’eau, mais on pouvait quasiment y toucher, comme si le passé n’était pas si lointain.

Capture d’écran 2016-07-14 à 15.22.35Le lac Watson. En rouge, c’est où il y a la carcasse de l’avion dans le fond du lac.  Gros plan ci-dessous.
Capture d’écran 2016-07-14 à 15.21.45Pour ceux qui ne me croyaient pas, la preuve qu’il y a un avion dans le fond du lac.  Je me sens comme le gars qui tente de vous  prouver qu’il a vu un ovni sur une photo trop agrandie.

 

Mines

C’est seulement après la guerre que les gens ont réalisé le potentiel minier de la ville.  Argent, plomb, zinc, etc. Tout ce que le Klondike leur avait promis, mais en différentes déclinaisons.

Les mines étant les mines, cette économie est cyclique.  Quand les prix sont forts, tout le monde roule sur l’or.  Lorsque les prix baissent, les gens se font mettre à la porte, les mines ferment, le moral est bas.  Les dix dernières années nous ont rappelé ces cycles, nous sommes dans un grand creux.

Watson Lake est rendu un mélange de nostalgie et de ville de bord d’autoroute.

Hôpital

Avec son hôpital, le seul à 500km dans toutes les directions, Watson Lake est redevenu un endroit où les gens s’arrêtent, font le plein d’essence et, maintenant, vont voir le docteur.

Construit en 2013, l’hôpital est à la fine pointe de la technologie, selon les standards ruraux.  Six lits d’admission, salle de réanimation avec vidéolaryngoscope, radiographie, machine d’échographie, laboratoire stat, alouette.

L’été, la Alaska Highway nous apporte sa vague de patients saisonniers.  Des Américains en gros motorisés qui viennent vivre leur rêve en Alaska.

– «Regarde Bob, j’ai une rougeur sur le bras depuis hier. Tiens un hôpital, on va s’arrêter»

Des cyclistes qui font Whitehorse-Vancouver en vélo et qui s’arrêtent pour traiter leur road rash.  Des jeunes qui viennent nous voir pour mal de gorge et veulent savoir si elles ont besoin d’antibiotiques avant d’aller faire le sentier Chilkoot.

C’est de la médecine de ClubMed, version nordique.

Watson Lake n’est plus la ville stratégique ou industrielle qu’elle était.  Par contre, je me rends compte qu’avec l’hôpital, la ville maintient son rôle.

L’hôpital est aujourd’hui ce que l’aéroport était aux bombardiers avant.  Faire un dernier check-up avant la grande aventure.

DSC_0612Ancien hangar d’avions à l’aéroport. Crédit: Julia Vallières-Pilon.

 


 

2 comments

  1. Salut Éric, c’est toujours agréable de prendre quelques instants pour lire ton Blog.
    Résumé historique intéressant que tu nous fait cette fois-ci. Ce qui m’interpelle le plus c’est la boucle de la vie qui, avec des variations de temps, est toujours à ce répéter.
    La photo reflète ce temps qui passe.
    Les hangars d’une autre époque et les pontons qui sont laisser sur place comme pour dire : nous reviendrons dans quelques instants.
    C’est un coin de pays que, peut-être j’aurai l’occasion de visiter un de ces 4.
    À plus tard,
    Richard

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