le temps

Le jeudi 5 mai fut un jour spécial à Manang.

Pour une des rares fois, les nuages couvraient le village dès le matin.  Les sons étaient absorbés, le vent à plat.  Les nuages étaient là, bien confortables, et ils n’avaient pas envie de bouger.

Pour un instant, le temps s’est arrêté à Manang.  Ça l’a fait du bien.

Les dernières semaines ont été difficiles.  Je me suis beaucoup ennuyé de ma famille, de mes amis et de ma copine.  Je tournais en rond ici, j’ai atteint mon accomplissement professionnel, j’étais prêt à retourner à la maison. Enfin, avancer tous les projets auxquels j’ai ruminé durant huit semaines.

Les derniers temps tournaient au ralenti.  Comme si je m’étais approché d’un trou noir et que l’espace-temps s’était étiré au plus long.   Les secondes s’écoulaient une par une, lennnnntement. Je comptais les jours avant le retour.

Mais hier matin, tout a changé.

Le temps s’est figé, le passé, le présent et le futur n’existaient soudainement plus.  J’étais juste là, à contempler les montagnes, les nuages, la clinique. On aurait pu regarder le temps comme on regarde une flèche du temps dans une encyclopédie.  J’aurais pu prendre le Temps dans ma main comme j’aurais pu cueillir de la menthe sauvage.  Regarder les dernières semaines et réfléchir à ce qui s’en vient.

Dans Seven Briefs Lessons on Physics, Carlo Rovelli nous explique que le temps ne serait qu’une illusion. Le temps est produit par des phénomènes statistiques et thermodynamiques.  Où il y a un transfert de chaleur (ou d’énergie), il y a du temps.  Les interactions microscopiques dans le monde créent un phénomène temporel dans un système physique.  Ainsi est créé le moment présent.

«Capoté, capoté, viré su’l top. »   -Alaclair Ensemble.

Je ne peux pas vous dire que je comprends vraiment, mais c’est toujours plaisant réfléchir à ce qu’est le Temps.

Maintenant que les nuages se sont dissipés, je réalise qu’il ne reste plus que deux semaines avant que l’on ferme la clinique et qu’on entame le chemin du retour.  Déjà.

Soudainement, le temps a repris. Deux semaines pour fermer la boucle, faire une mise au point, isoler la clinique, apprendre le népalais et réapprendre les bonnes manières pour vivre normalement dans la société occidentale.

J’ai soudainement déclutché et suis passé de la vitesse tortue à la vitesse de la lumière.

Je m’en reviens bientôt la gang!

 

post-10

(Phobie des moments seuls, Samuel Cantin.  http://momentsseuls.blogspot.com/2010_11_01_archive.html)

One comment

  1. Il n’y a rien de mieux que de décrocher complètement… cela mets les choses en perspective. Ta vie n’a que débuté il y a de cela qu’un bref instant dans l’univers. Au loin a t’observer je ne peux m’empêcher que de remarquer une âme charitable de son temps et ce malgré les expérience qui sont recherché au travers de ces événements de ta courte vie.
    Vas y profites en à plein, de cette façon, lorsque tu reviendras ces doux souvenir viendront te donner l’énergie nécessaire lorsque des moments plus difficile croiseront ta route.
    Bonne continuation….
    Richard

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